Le samedi 20 mai 2017 avait lieu « La nuit européenne des musées« . A cette occasion, France Culture proposait un dossier avec plusieurs interviews dont celle de Paul Rasse, anthropologue, spécialiste des musées. Ses remarques sur la visibilité extérieure et la visibilité intérieures des musées peuvent s’appliquer quasiment mot pour mot aux bibliothèques.

La première (la visibilité extérieure) n’est globalement pas de la responsabilité des bibliothécaires et répond aux questions : « lorsque je suis devant le bâtiment, qu’est ce qui différencie la bibliothèque de l’hôtel des impôts ? » ou « qu’est ce qui donne envie d’entrer ce bâtiment ? » Les bibliothécaires peuvent agir sur la seconde, c’est même une partie importante de leur mission aujourd’hui, c’est la mise en scène de la collection. Voici un extrait de cette interview :

 

La première chose est déjà de rendre visible le musée de l’extérieur. L’élément important a été la pyramide du Louvre, où finalement on a mis au milieu de la grande cour ce monument, de façon à ce que depuis n’importe où on puisse voir où était l’entrée. Chaque fois que l’on rénove un musée maintenant, on se pose réellement cette question : où est l’entrée et comment la rendre remarquable, qui va marquer la ville.

L’autre idée importante est que l’on ne pouvait plus faire du musée un lieu d’accumulation des collections. Attention, il faut les garder, parce qu’elles font la légitimité du musée. Parce que les collections sont incessibles, inaltérables, inaliénables, le musée a quelque chose d’exceptionnel dans nos univers où tout disparaît régulièrement. Mais, de plus en plus on ne garde pas les collections au musée. La Grande Galerie du Muséum a innové en creusant un immense hangar de 5 étages pour les enterrer. Maintenant, pour d’autres musées, comme Marseille, ou les musées de Nancy, qui ont tous regroupé leurs collections, on créé un lieu de la réserve du musée. Il n’est pas forcément près du musée. A Marseille, il est dans un autre quartier. Cela libère de la place et LE beau bâtiment qui généralement se trouve en centre-ville, avec de beaux espaces, est réorganisé et consacré à l’accueil du public. Pour les collections permanentes et avec des espaces pour les expositions temporaires qui vont permettre de faire venir et revenir le grand public.

Lire l’interview complet de Paul Rasse, Journal de 8h00 le 20 mai 2017